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pettes sortent en courant. — Seul à l’avant-scène.) Comme c’est dressé… Attendez-moi donc, tas de clampins !

Il sort. — On voit entrer Favart par la gauche, gesticulant et en train de composer des vers.


Scène II

FAVART, Des Soldats, au fond, allant et venant.
FAVART, récitant.
O valeureux fils de Bellone,
Toi qu’une auréole environne…

(S’interrompant.) Voilà donc à quoi j’en suis réduit !… faire l’éloge du maréchal de Saxe… Et cela pendant que ma femme est là-bas… avec l’autre… et que moi je suis ici… avec la sienne… allez donc rimer dans des conditions pareilles… Moi d’abord, pour que l’inspiration me vienne, il me faut… ma femme !

COUPLETS.
I
–––––––Quand je cherche dans ma cervelle,
–––––––Pour parler la langue des dieux,
–––––––Il y manque cette étincelle
–––––––Qui brille dans deux jolis yeux !
–––––––Le regard si doux d’une femme,
–––––––Lorsque sur nous il resplendit,
–––––––C’est la lumière, c’est la flamme…
–––––––Mais son absence c’est la nuit !
––––––––––Oui, c’est la nuit !
II
–––––––Toutes ces éloquentes choses,
–––––––Ces mots que l’amour fait jaillir,
–––––––N’est-ce pas sur des lèvres roses
–––––––Qu’un poëte va les cueillir ?
–––––––Ce doux sourire d’une femme,
–––––––Quand près de nous il resplendit,
–––––––C’est la lumière, c’est la flamme…
–––––––Mais son absence c’est la nuit !
––––––––––Oui, c’est la nuit !