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esprit. L’idée, une fois émise, se répandit très rapidement dans les milieux scientifiques. Au nom de Kuhn est étroitement associé celui de son beau-frère Schwartz dont le livre sur l’Origine de la mythologie[1] suivit de près le précédent. Steinhal et toute l’école allemande de la Vœlkerpsychologie se rattachent au même mouvement. En 1863, la théorie fut importée en France par M. Michel Bréal[2]. Elle rencontrait si peu de résistance que, suivant un mot de Gruppe[3], « un temps vint où, en dehors de quelques philologues classiques, étrangers aux études védiques, tous les mythologues prenaient comme point de départ de leurs explications les principes de Max Müller ou de Kuhn »[4]. Il importe donc d’examiner en quoi ils consistent et ce qu’ils valent.

Comme nul ne les a présentés sous une forme plus systématique que Max Müller, c’est à lui que nous emprunterons de préférence les éléments de l’exposé qui va suivre[5].

  1. Der Ursprung der Mythologie, Berlin, 1860.
  2. Dans son livre Hercule et Cacus. Étude de mythologie comparée. L’Essai de mythologie comparée de Max Müller y est signalé comme une œuvre « qui marque une époque nouvelle dans l’histoire de la Mythologie » (p. 12).
  3. Die Griechischen Kulte und Mythen, 1, p. 78.
  4. Parmi les écrivains qui ont adopté cette conception, il faut compter Renan. V. ses Nouvelles études d’histoire religieuse, 1884, p. 31.
  5. En dehors de la Comparative Mythology, les travaux de Max Müller où sont exposées ses théories générales sur la religion sont les suivants Hibberl lectures (1878), traduit en français sous ce titre Origine et développement de la religion. — Natural Religion, Londres, 1889. — Physical Religion, Londres, 1898. — Anthropological Religion, 1892. — Theosophy or Psychological Religion, 1893. — Nouvelles études de mythologie, Paris, F. Alcan, 1898. — Par suite des liens qui unissent les théories mythologiques de Max Müller à sa philosophie linguistique, les ouvrages précédents doivent être rapprochés de ceux de ses livres qui sont consacrés au langage ou à la logique, notamment Lectures on the Science of Language, traduit en français sous le titre de Nouvelles leçons sur la science du langage, et The Science of Thought.