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II. — La constance et l’individualité de ce taux ne peut pas s’expliquer autrement. Théorie de Quételet pour en rendre compte : l’homme moyen. Réfutation : la régularité des données statistiques se retrouve même dans des faits qui sont en dehors de la moyenne. Nécessité d’admettre une force ou un groupe de forces collectives dont le taux social des suicides exprime l’intensité 
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III. — Ce qu’il faut entendre par cette force collective : c’est une réalité extérieure et supérieure à l’individu. Exposé et examen des objections faites à cette conception :
 
1° Objection d’après laquelle un fait social ne peut se transmettre que par traditions inter-individuelles. Réponse : le taux des suicides ne peut se transmettre ainsi.
 
2° Objection d’après laquelle l’individu est tout le réel de la société. Réponse : a) Comment des choses matérielles, extérieures aux individus, sont érigées en faits sociaux et jouent en cette qualité un rôle sui generis ; b) Les faits sociaux qui ne s’objectivent pas sous cette forme débordent chaque conscience individuelle. Ils ont pour substrat l’agrégat formé par les consciences individuelles réunies en société. Que cette conception n’a rien d’ontologique 
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IV. — Application de ces idées au suicide 
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RAPPORTS DU SUICIDE AVEC LES AUTRES PHÉNOMÈNES SOCIAUX
(p. 369-411)
Méthode pour déterminer si le suicide doit être classé parmi les faits moraux ou immoraux 
 p. 369
I. — Exposé historique des dispositions juridiques ou morales en usage dans les différentes sociétés relativement au suicide. Progrès continu de la réprobation dont il est l’objet, sauf aux époques de décadence. Raison d’être de cette réprobation ; qu’elle est plus que jamais fondée dans la constitution normale des sociétés modernes 
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II. — Rapports du suicide avec les autres formes de l’immoralité. Le suicide et les attentats contre la propriété ; absence de tout rapport. Le suicide et l’homicide ; théorie d’après laquelle ils consisteraient tous deux en un même état organico-psychique, mais dépendraient de conditions sociales antagonistes 
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III. — Discussion de la première partie de la proposition. Que le sexe, l’âge, la température n’agissent pas de la même manière sur les deux phénomènes 
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IV. — Discussion de la deuxième partie. Cas où l’antagonisme ne se vérifie pas. Cas, plus nombreux, où il se vérifie. Explication de ces contradictions apparentes : existence de types différents de suicides dont les uns excluent l’homicide tandis que les autres dépendent des mêmes conditions sociales. Nature de ces types ; pourquoi les premiers sont actuellement plus nombreux que les seconds.