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sont de beaucoup les plus répandus, les actes qui en dérivent sont aussi de beaucoup les plus nombreux ; ce sont eux qui forment les gros bataillons. Ceux, au contraire, qui sont déterminés par des propriétés divergentes sont relativement rares comme ces propriétés elles-mêmes. D’un autre côté, sans être absolument immuable, ce type général varie pourtant avec beaucoup plus de lenteur qu’un type individuel ; car il est bien plus difficile à une société de changer en masse qu’à un ou à quelques individus on particulier. Cette constance se communique naturellement aux actes qui découlent des attributs caractéristiques de ce type ; les premiers restent les mêmes en grandeur et en qualité tant que les seconds ne changent pas, et, comme ces mêmes manières d'agir sont aussi les plus usitées, il est inévitable que la constance soit la loi générale des manifestations de l’activité humaine qu’atteint la statistique. Le statisticien, en effet, fait le compte de tous les faits de même espèce qui se passent au sein d’une société donnée. Puisque donc la plupart d’entre eux restent invariables tant que le type général de la société ne change pas, et puisque, d’autre part, il change malaisément, les résultats des recensements statistiques doivent nécessairement rester les mêmes pendant d’assez longues séries d’années consécutives. Quant aux faits qui dérivent des caractères particuliers et des accidents individuels, ils ne sont pas tenus, il est vrai, à la même régularité ; c’est pourquoi la constance n’est jamais absolue. Mais ils sont l’exception; c’est pourquoi l’invariabilité est la règle, tandis que le changement est exceptionnel.

A ce type général, Quételet a donné le nom de type moyen, parce qu’on l’obtient presque exactement en prenant la moyenne arithmétique des types individuels. Par exemple, si, après avoir déterminé toutes les tailles dans une société donnée, on en fait la somme et si on la divise parle nombre des individus mesurés, le résultat auquel on arrive exprime, avec un degré d’approximation très suffisant, la taille la plus générale. Car on peut admettre que les écarts en plus et les écarts en moins, les nains et les géants, sont en nombre à peu près égal. Ils se compensent