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290 LE SUICIDE. Les suicides qui ont lieu quand s’ouvre la crise du veuvage, et dont nous avons déjà parlé (*), sont dus, en effet, à Tanomie domestique qui résulte de la mort d’un des époux. Il se produit alors un bouleversement de la famille dont le survivant subit Tinfluence. 11 n’est pas adapté à la situation nouvelle qui lui est faite et c’est pourquoi il se tue plus facilement. Mais il est une autre variété du suicide anomique qui doit nous arrêter davantage, à la fois parce qu’elle est plus chronique «l qu’elle va nous servir à mettre en lumière la nature et les fonctions du mariage. Dans les Annales de démographie internationale (septembre 1882), M. Bertillon a publié un remarquable travail sur le di- vorce, au cours duquel il a établi la proposition suivante : daos toute l’Europe, le nombre des suicides varie comme celui des divorces et des séparations de corps. Si Ton compare les différents pays à ce double point de vue, on constate déjà ce parallélisme (V. Tableau XXV, p. 289). Non seulement le rapport entre les moyennes est évident, mais la seule irrégularité de détail un peu marquée est celle des Pays-Bas où les suicides ne sont pas à la hauteur des di- vorces. La loi se vérifie avec plus de rigueur encore si l’on compare, non des pays différents, mais des provinces différentes d’un même pays. En Suisse, notamment, la coïncidence entre ces deux ordres de phénomènes est frappante (V. Tableau XXVI, p. 291). Ce sont les cantons protestants qui comptent le plus de divorces, ce sont eux aussi qui comptent le plus de suicides. Les cantons mixtes viennent après, à l’un et à l’autre point de vue, et ensuite seulement les cantons catholiques. A l’intérieur (le chaque groupe, on note les mêmes concordances. Parmi les cantons catholiques, Soleure et Appenzell intérieur se distinguent pur le nombre élevé de leurs divorces; ils se distinguent éga- IcîMient par le chiffre de leurs suicides. Fribourg, quoique catho- li(|ue et français, a passablement de divorces, il a passablement (1) Voir plus haut, p. 195.