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LE SUICIDE. 

les grandes commotions sociales comme les grandes guerres populaires avivent les sentiments collectifs, stimulent Tesprit de parti comme le patriotisme, la foi politique comme la foi nationale et, concentrant les activités vers un même but, délerminent, au moins pour un temps, une intégration plus forte de la société. Ce n’est pas à la crise qu est due la salu- taire influence dont nous venons d’établir Texistence, mais aux luttes dont cette crise est la cause. Comme elles obligent les hommes à se rapprocher pour faire face au danger commun, rindividu pense moins à soi et davantage à la chose com- mune. On comprend, d’ailleurs, que celte intégration puisse n’être pas purement momentanée, mais survive parfois aux causes qui Tout immédiatement suscitée, surtout quand elle est intense. VI. j Nous avons donc établi successivement les frois proposi- tions suivantes : Le suicide varie en raison inverse du degré d’intégration de la société religieuse. — — — domestique, — — — apolitique. Ce rapprochement démontre que, si ces diflerentes sociétés ont sur le suicide une intluence modératrice, ce n’est pas par suite de caractères particiihers à chacune d’elles, mais en vertu d’une cause qui leur est commune à toutes. Ce n’est pas à la nature spéciale des sentiments religieux que la religion doit son efficacité, puisque les sociétés domestiques et les sociétés politiques, quand elles sont fortement intégrées, pro- duisent les mômes effets; c’est, d’ailleurs, ce que nous avons déjà prouvé en étudiant directement la manière dont les di£Eé- rentes religions agissent sur le suicide (^). Inversement, ce (1) V. plus haut, p. 172.