qu’elle est simple ; car, comme elle néglige alors ce qu’ils ont de personnel et de distinct pour ne viser que ce qu’ils ont de commun, elle se réduit à quelques mouvements très généraux qui conviennent dans une foule de circonstances diverses. Mais, quand il s’agit de nous adapter à des objets particuliers et spéciaux de manière à tenir compte de toutes leurs nuances, nous ne pouvons y parvenir qu’en combinant un très grand nombre d’états de conscience, différenciés à l’image des choses mêmes auxquelles ils se rapportent. Une fois agencés et constitués, ces systèmes fonctionnent sans doute avec plus d’aisance et de rapidité ; mais ils restent très complexes. Quel prodigieux assemblage d’idées, d’images, d’habitudes n’observe-t-on pas chez le prote qui compose une page d’imprimerie, chez le mathématicien qui combine une multitude de théorèmes épars et en fait jaillir un théorème nouveau, chez le médecin qui, à un signe imperceptible, reconnaît du coup une maladie et en prévoit en même temps la marche. Comparez la technique si élémentaire de l’ancien philosophe, du sage qui, par la seule force de la pensée, entreprend d’expliquer le monde, et celle du savant d’aujourd’hui qui n’arrive à résoudre un problème très particulier que par une combinaison très compliquée d’observations, d’expériences, grâce à des lectures d’ouvrages écrits dans toutes les langues, des correspondances, des discussions, etc., etc. C’est le dilettante qui conserve intacte sa simplicité primitive. La complexité de sa nature n’est qu’apparente. Comme il fait le métier de s’intéresser à tout, il semble qu’il ait une multitude de goûts et d’aptitudes divers. Pure illusion ! Regardez au fond des choses, et vous verrez que tout se réduit à un petit nombre de facultés générales et simples, mais qui, n’ayant rien perdu de leur indétermination première, se déprennent avec aisance des objets auxquels elles s’attachent pour se reporter ensuite sur d’autres. Du dehors, on aperçoit une succession ininterrompue d’événements variés ; mais c’est le même acteur qui joue tous les rôles sous des costumes un peu différents. Cette surface où bril-
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