la force de l’âge y est très élevé. M. Cheysson a démontré que les courbes de la population à chaque groupe d’âge, pour Paris et pour la province, ne se rencontrent qu’aux âges de 15 à 20 ans et de 50 à 55 ans. Entre 20 et 50 la courbe parisienne est beaucoup plus élevée, au delà elle est plus basse[1]. En 1881 on comptait à Paris 1,118 individus de 20 à 25 ans pour 874 dans le reste du pays[2]. Pour le département de la Seine tout entier, on trouve sur 1,000 habitants 731 de 15 à 60 ans et 76 seulement au delà de cet âge, tandis que la province a 618 des premiers et 106 des seconds. En Norvège, d’après Jacques Bertillon, les rapports sont les suivants sur 1,000 habitants :
Villes. | Campagnes. | |
De 15 à 30 ans | 278 | 239 |
De 30 à 45 — | 205 | 183 |
De 45 à 60 — | 110 | 420 |
De 60 et au-dessus | 59 | 87 |
Ainsi, c’est dans les grandes villes que l’influence modératrice de l’âge est à son minimum ; on constate en même temps que nulle part les traditions n’ont moins d’empire sur les esprits. En effet, les grandes villes sont les foyers incontestés du progrès ; c’est en elles qu’idées, modes, mœurs, besoins nouveaux, s’élaborent pour se répandre ensuite sur le reste du pays. Quand la société change, c’est généralement à leur suite et à leur imitation. Les humeurs y sont tellement mobiles que tout ce qui vient du passé y est un peu suspect ; au contraire, les nouveautés, quelles qu’elles soient, y jouissent d’un prestige presque égal à celui dont jouissaient autrefois les coutumes des ancêtres. Les esprits y sont naturellement orientés vers l’avenir. Aussi la vie s’y transforme-t-elle avec une extraordinaire rapidité : croyances, goûts, passions y sont dans une perpétuelle évolution. Nul terrain n’est plus favorable aux évolutions de toute sorte. C’est que la vie collective ne peut avoir de continuité là où les diffé-