cinq villes ayant plus de 30,000 habitants « absorbaient sur le chiffre de l’accroissement quinquennal plus de 661,000 habitants, en laissant seulement 105,000 à répartir entre les villes moyennes, les petites villes et les campagnes[1]. » Ce n’est pas seulement vers les grandes villes que se portent ces grands mouvements migrateurs ; ils rayonnent dans les régions avoisinantes. M. Bertillon a calculé que pendant l’année 1886, tandis que dans la moyenne de la France sur 100 habitants 11,25 seulement étaient nés en dehors du département, dans le département de la Seine il y en avait 34,67. Cette proportion des étrangers est d’autant plus élevée que les villes que compte le département sont plus populeuses. Elle est de 31,47 dans le Rhône, de 26,29 dans les Bouches-du-Rhône, de 26,41 dans la Seine-et-Oise[2], de 19,46 dans le Nord, de 17,62 dans la Gironde[3]. Ce phénomène n’est pas particulier aux grandes villes : il se produit également, quoique avec une moindre intensité, dans les petites villes, dans les bourgs. « Toutes ces agglomérations augmentent constamment aux dépens des communes plus petites, de sorte que l’on voit à chaque recensement le nombre des villes de chaque catégorie s’augmenter de quelques unités[4]. »
Or, la mobilité plus grande des unités sociales que supposent ces phénomènes de migration, détermine un affaiblissement de toutes les traditions.
En effet, ce qui fait surtout la force de la tradition, c’est le caractère des personnes qui la transmettent et l’inculquent, je veux dire les anciens. Ils en sont l’expression vivante : eux seuls ont été témoins de ce que faisaient les ancêtres. Ils sont l’unique intermédiaire entre le présent et le passé. D’autre part, ils jouissent auprès des générations qui ont été élevées sous leurs