sation plus grande qui expliquent cette grande transformation.
Or, plus la conscience commune devient générale, plus elle laisse de place aux variations individuelles. Quand Dieu est loin des choses et des hommes, son action n’est plus de tous les instants et ne s’étend plus à tout. Il n’y a plus de fixe que des règles abstraites qui peuvent être librement appliquées de manières très différentes. Encore n’ont-elles plus ni le même ascendant ni la même force de résistance. En effet, si les pratiques et les formules, quand elles sont précises, déterminent la pensée et les mouvements avec une nécessité analogue à celle des réflexes, au contraire, ces principes généraux ne peuvent passer dans les faits qu’avec le concours de l’intelligence. Or, une fois que la réflexion est éveillée, il n’est pas facile de la contenir. Quand elle a pris des forces, elle se développe spontanément au delà des limites qu’on lui avait assignées. On commence par mettre quelques articles de foi au-dessus de la discussion ; puis la discussion s’étend jusqu’à eux. On veut s’en rendre compte, on leur demande leurs raisons d’être, et, de quelque manière qu’ils subissent cette épreuve, ils y laissent une partie de leur force. Car des idées réfléchies n’ont jamais la même puissance contraignante que des instincts ; c’est ainsi que des mouvements qui ont été délibérés n’ont pas l’instantanéité des mouvements involontaires. Parce qu’elle devient plus rationnelle, la conscience collective devient donc moins impérative, et, pour cette raison encore, elle gêne moins le libre développement des variétés individuelles.
II
Mais cette cause n’est pas celle qui contribue le plus à produire ce résultat.
Ce qui fait la force des états collectifs, ce n’est pas seulement qu’ils sont communs à la génération présente, mais c’est surtout