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CHAPITRE II

LES CAUSES


I


C’est donc dans certaines variations du milieu social qu’il faut aller chercher la cause qui explique les progrès de la division du travail. Les résultats du livre précédent nous permettent d’induire tout de suite en quoi elles consistent.

Nous avons vu en effet que la structure organisée et, par conséquent, la division du travail se développent régulièrement à mesure que la structure segmentaire s’efface. C’est donc que cet effacement est la cause de ce développement ou que le second est la cause du premier. Cette dernière hypothèse est inadmissible, car nous savons que l’arrangement segmentaire est pour la division du travail un obstacle insurmontable qui doit avoir disparu, au moins partiellement, pour qu’elle puisse apparaître. Elle ne peut être que dans la mesure où il a cessé d’être. Sans doute, une fois qu’elle existe, elle peut contribuer à en accélérer la régression ; mais elle ne se montre qu’après qu’il a régressé. L’effet réagit sur la cause, mais ne perd pas pour cela la qualité d’effet ; la réaction qu’il exerce est par conséquent secondaire. L’accroissement de la division du travail est donc dû à ce fait que les segments sociaux perdent de leur individualité, que les cloisons qui les séparent deviennent plus perméables, en un mot qu’il s’effectue entre eux une coalescence qui