Page:Durkheim - De la division du travail social.djvu/240

Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHAPITRE VII

SOLIDARITÉ ORGANIQUE ET SOLIDARITÉ CONTRACTUELLE


I

Il est vrai que, dans les sociétés industrielles de M. Spencer, tout comme dans les sociétés organisées, l’harmonie sociale dérive essentiellement de la division du travail[1]. Ce qui la caractérise, c’est qu’elle consiste dans une coopération qui se produit automatiquement, par cela seul que chacun poursuit ses intérêts propres. Il suffit que chaque individu se consacre à une fonction spéciale pour se trouver par la force des choses solidaire des autres. N’est-ce pas le signe distinctif des sociétés organisées ?

Mais si M. Spencer a justement signalé quelle était, dans les sociétés supérieures, la cause principale de la solidarité sociale, il s’est mépris sur la manière dont cette cause produit son effet, et, par suite, sur la nature de ce dernier.

En effet, pour lui, la solidarité industrielle, comme il l’appelle, présente les deux caractères suivants.

Comme elle est spontanée, il n’est besoin d’aucun appareil coercitif ni pour la produire ni pour la maintenir. La société n’a donc pas à intervenir pour assurer un concours qui s’établit tout seul. « Chaque homme peut s’entretenir par son travail, échanger

  1. Sociol., III, p. 332 et suiv.