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déjà quelque sentiment d’elle-même et de ses besoins, partant, si elle existe.


Quant à la question qui a été l’origine de ce travail, c’est celle des rapports de la personnalité individuelle et de la solidarité sociale. Comment se fait-il que, tout en devenant plus autonome, l’individu dépende plus étroitement de la société ? Comment peut-il être à la fois plus personnel et plus solidaire ? car il est incontestable que ces deux mouvements, si contradictoires qu’ils paraissent, se poursuivent parallèlement. Tel est le problème que nous nous sommes posé. Il nous a paru que ce qui résolvait cette apparente antinomie c’est une transformation de la solidarité sociale, due au développement toujours plus considérable de la division du travail. Voilà comment nous avons été amené à faire de cette dernière l’objet de notre étude[1].

  1. Nous n’avons pas besoin de rappeler que la question de la solidarité sociale a déjà été étudiée dans la seconde partie du livre de M. Marion sur la Solidarité morale. Mais M. Marion a pris le problème par un autre côté ; il s’est surtout attaché à établir la réalité du phénomène de la solidarité.