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les parties de l’agrégat, quand elles sont unies, ne se meuvent qu’ensemble, il ne suit pas qu’elles soient obligées ou de rester unies, ou de périr. Tout au contraire, comme elles n’ont pas besoin les unes des autres, comme chacun porte en soi tout ce qui fait la vie sociale, il peut aller la transporter ailleurs, d’autant plus aisément que ces sécessions se font généralement par bandes ; car l’individu est alors constitué de telle sorte qu’il ne peut se mouvoir qu’en groupe, même pour se séparer de son groupe. De son côté, la société exige bien de chacun de ses membres, tant qu’ils en font partie, l’uniformité des croyances et des pratiques ; mais, comme elle peut perdre un certain nombre de ses sujets sans que l’économie de sa vie intérieure en soit troublée, parce que le travail social y est peu divisé, elle ne s’oppose pas fortement à ces diminutions. De même, là où la solidarité ne dérive que des ressemblances, quiconque ne s’écarte pas trop du type collectif est sans résistance incorporé dans l’agrégat. Il n’y a pas de raisons pour le repousser, et même, s’il y a des places vides, il y a des raisons pour l’attirer. Mais, là où la société forme un système de parties différenciées et qui se complètent mutuellement, des éléments nouveaux ne peuvent se greffer sur les anciens sans troubler ce concert, sans altérer ces rapports, et, par suite, l’organisme résiste à des intrusions qui ne peuvent pas se produire sans perturbations.


II


Non seulement, d’une manière générale, la solidarité mécanique lie moins fortement les hommes que la solidarité organique, mais encore, à mesure qu’on avance dans l’évolution sociale, elle va de plus en plus en se relâchant.

En effet, la force des liens sociaux qui ont cette origine varie en fonction des trois conditions suivantes :

1o Le rapport entre le volume de la conscience commune et