Page:Durkheim - De la division du travail social.djvu/134

Cette page a été validée par deux contributeurs.

nisation se poursuivit conformément aux lois générales de tout développement organique.

C’est donc bien la nature des sentiments collectifs qui rend compte de la peine et par conséquent du crime. De plus, on voit de nouveau que le pouvoir de réaction dont disposent les fonctions gouvernementales, une fois qu’elles ont fait leur apparition, n’est qu’une émanation de celui qui est diffus dans la société, puisqu’il en naît. L’un n’est que le reflet de l’autre ; l’étendue du premier varie comme celle du second. Ajoutons d’ailleurs que l’institution de ce pouvoir sert à maintenir la conscience commune elle-même. Car elle s’affaiblirait si l’organe qui la représente ne participait pas au respect qu’elle inspire et à l’autorité particulière qu’elle exerce. Or, il n’y peut participer sans que tous les actes qui l’offensent soient refoulés et combattus comme ceux qui offensent la conscience collective, et cela alors même qu’elle n’en est pas directement affectée.


IV


Ainsi l’analyse de la peine a confirmé notre définition du crime. Nous avons commencé par établir inductivement que celui-ci consistait essentiellement dans un acte contraire aux états forts et définis de la conscience commune : nous venons de voir que tous les caractères de la peine dérivent en effet de cette nature du crime. C’est donc que les règles qu’elle sanctionne expriment les similitudes sociales les plus essentielles.

On voit ainsi quelle espèce de solidarité le droit pénal symbolise. Tout le monde sait, en effet, qu’il y a une cohésion sociale dont la cause est dans une certaine conformité de toutes les consciences particulières à un type commun qui n’est autre que le type psychique de la société. Dans ces conditions, en effet, non seulement tous les membres du groupe sont individuellement attirés les uns vers les autres parce qu’ils se ressemblent, mais