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ditions diverses dont elle dépend, les lois suivant lesquelles elle a évolué dans l’histoire. Mais la science de l’éducation n’existe guère qu’à l’état de projet. Restent, d’une part, les autres branches de la sociologie qui pourraient aider la pédagogie à fixer le but de l’éducation avec l’orientation générale des méthodes ; de l’autre, la psychologie dont les enseignements pourraient être très utiles pour la détermination, dans le détail, des procédés pédagogiques. Mais la sociologie est une science à peine naissante ; elle ne compte que bien peu de propositions établies, si tant est qu’il y en ait. La psychologie elle-même, bien qu’elle se soit constituée plus tôt que les sciences sociales, est l’objet de toutes sortes de controverses ; il n’est pas de questions psychologiques sur lesquelles on ne soutienne encore les thèses les plus opposées. Dès lors, que peuvent valoir des conclusions pratiques qui reposent sur des données scientifiques à la fois aussi incertaines et aussi incomplètes ? Que peut valoir une spéculation pédagogique qui manque de toutes bases, ou dont les bases, quand elles ne font pas totalement défaut, manquent à ce point de solidité ?

Le fait que l’on invoque ainsi pour dénier tout crédit à la pédagogie est, en lui-même, incontestable. Il est certain que la science de l’éducation est tout entière à faire, que la sociologie et la psychologie sont encore bien peu avancées. Si donc il nous était permis d’attendre, il serait prudent et