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teurs, s’y exprime et, à la fois, en résulte, avec ses qualités et ses défauts. Mais, à partir du xviiie siècle surtout, d’autres tendances se manifestent : la pédagogie, dite réaliste, bat l’humanisme en brèche. Elle produit d’abord des doctrines, sans action immédiate sur les institutions scolaires. Puis elle crée, avec les Écoles Centrales de la Convention, un système scolaire complètement nouveau, dont la durée est éphémère. Et le xixe siècle met aux prises, sans réussir à éliminer l’un ni l’autre, ni, non plus, à les concilier définitivement, l’ancien système et le nouveau. Et c’est encore de ce conflit que nous cherchons à sortir. En nous permettant de le comprendre, l’histoire nous arme pour le résoudre.


VI


L’enseignement pédagogique fait, en général, une large part à l’histoire critique des doctrines de l’éducation. Durkheim reconnaît L’intérêt de cette étude. Il s’y est longuement appliqué. Dans les deux cours sur l’éducation intellectuelle, primaire et secondaire, une place est faite à l’histoire des doctrines : celle de Comenius, entre autres, a retenu son attention. Il a laissé des plans de leçons et des notes de cours qui forment une histoire des principales doctrines pédagogiques, en France, depuis la Renaissance. La Revue de Métaphysique et de Morale a publié le plan développé de ses leçons sur Jean-Jacques Rousseau. Enfin il a rédigé intégralement un Cours, d’une année entière, sur Pestalozzi et Herbart. Disons seulement ici quelle méthode il a suivie.

D’abord, il distingue nettement l’histoire des théories de l’Éducation de l’histoire de l’Éducation elle-même. La confusion est souvent faite. Il y a là pourtant deux choses aussi distinctes que l’histoire de la philosophie