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que la seconde serve à achever la première. Il lui paraît indispensable, même à l’École primaire, que le maître enseigne à l’enfant ce que sont les sociétés où il est appelé à vivre : famille, corporation, nation, communauté de civilisation qui tend à incorporer l’humanité tout entière ; comment elles se sont formées et transformées ; quelle action elles exercent sur l’individu et quel rôle il y joue. Du cours qu’il a fait plusieurs fois sur cet Enseignement de la morale à l’École primaire, nous n’avons que des ébauches de rédaction ou des plans de leçons. Durkheim y montre, aux instituteurs, comment il est possible de traduire, pour les mettre à la portée des intelligences enfantines, les résultats de ce qu’il appelait la « Physiologie du droit et des mœurs ». C’est la vulgarisation de la science des mœurs, à laquelle il a, par ailleurs, consacré la majeure partie de ses ouvrages et de ses cours.


IV


L’Éducation intellectuelle à l’École primaire fait l’objet d’un cours, complètement rédigé, lui aussi, parallèle à celui qui concerne l’éducation morale et construit à peu près sur le même plan. Durkheim en était moins satisfait : il sentait la difficulté de mettre au point son travail. C’est que l’idéal intellectuel de notre démocratie est moins défini que son idéal moral, son étude scientifique a été moins préparée, la matière est plus nouvelle.

Ici encore, deux parties d’orientations différentes : l’une regarde le but visé, l’autre les moyens employés ; la première demande à la sociologie de définir le type intellectuel que notre société s’efforce de réaliser ; l’autre demande à la logique et à la psychologie quel apport chaque discipline fournit, quelles ressources, quels ressorts, quelles résistances l’esprit de l’enfant