Page:Durkheim - Éducation et sociologie.djvu/162

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dence, qu’un idéal nouveau se présente toujours comme dans un état d’antagonisme naturel avec l’idéal ancien qu’il aspire à remplacer, bien qu’il n’en soit, en fait, que la suite et le développement. Et, au cours de cet antagonisme, il est toujours à craindre que l’idéal d’autrefois ne sombre complètement ; car les idées neuves, ayant la force et la vitalité de la jeunesse, écrasent aisément les conceptions anciennes. Nous verrons comment une destruction de ce genre s’est produite à la Renaissance, au moment où s’est constitué l’enseignement humaniste : de l’enseignement médiéval, il n’est presque rien resté, et il est fort possible que cette abolition totale ait laissé une grave lacune dans notre éducation nationale. Il importe que nous prenions toutes les précautions possibles pour ne pas retomber dans la même erreur, et que si, demain, nous devons clore l’ère de l’humanisme, nous sachions en garder ce qui en doit être retenu. — Ainsi, à quelque point de vue qu’on se place, nous ne pouvons connaître avec quelque assurance la route qui nous reste à parcourir, que si nous commençons par considérer attentivement celle qui s’étend derrière nous.


6. Vous vous expliquez maintenant ce que signifie le titre que j’ai donné à ce cours. Si je me propose d’étudier avec vous la manière dont s’est formé et développé notre enseignement secondaire, ce n’est pas pour me livrer à ces recherches de pure