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c’est surtout l’homme de demain qu’il faut tâcher d’apercevoir et de dégager.

Mais, tout d’abord, il s’en faut qu’il soit si facile de savoir quelles sont les exigences de l’heure présente. Les besoins qu’éprouve une grande société comme la nôtre sont infiniment multiples et complexes, et un regard, même attentif, jeté en nous et autour de nous, ne saurait suffire à nous les faire découvrir dans leur intégralité. Du petit milieu où chacun de nous est placé, nous ne pouvons apercevoir que ceux qui nous touchent de très près, ceux que notre tempérament et notre éducation nous préparent le mieux à comprendre. Quant aux autres, ne les voyant que de loin et confusément, nous n’en avons que des sensations faibles et nous sommes portés, par suite, à n’en tenir aucun compte. Sommes-nous hommes d’action, vivons-nous dans un milieu d’affaires ? Nous sommes enclins à faire de nos enfants des hommes pratiques. Sommes-nous épris de spéculation ? Nous vanterons les bienfaits de la culture scientifique, etc. Quand donc on pratique cette méthode, on aboutit fatalement à des conceptions unilatérales et exclusives qui se nient mutuellement. Si nous voulons échapper à cet exclusivisme, si nous voulons nous faire de notre temps une notion un peu plus complète, il nous faut sortir de nous-mêmes, il faut élargir notre point de vue et entreprendre tout un ensemble de recherches en vue de saisir ces aspirations si diverses que ressent la société. Heureusement, elles viennent, pour