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appliquer à l’enfant ces principes une fois posés, elle ne pourra guère nous les faire découvrir.

J’ajoute en terminant que s’il fut jamais un temps et un pays où le point de vue sociologique se soit imposé d’une façon particulièrement urgente aux pédagogues, c’est certainement notre pays et notre temps. Quand une société se trouve dans un état de stabilité relative, d’équilibre temporaire, comme, par exemple, la société française au XVIIe siècle ; quand, par suite, un système d’éducation s’est établi qui, pour un temps également, n’est contesté de personne, les seules questions pressantes qui se posent sont des questions d’application. Aucun doute grave ne s’élève ni sur le but à atteindre, ni sur l’orientation générale des méthodes ; il ne peut donc y avoir de controverse que sur la meilleure manière de les mettre en pratique, et ce sont des difficultés que la psychologie peut résoudre. Je n’ai pas à vous apprendre que cette sécurité intellectuelle et morale n’est pas de notre siècle ; c’est à la fois sa misère et sa grandeur. Les transformations profondes qu’ont subies ou que sont en train de subir les sociétés contemporaines nécessitent des transformations correspondantes dans l’éducation nationale. Mais si nous sentons bien que des changements sont nécessaires, nous savons mal ce qu’ils doivent être. Quelles que puissent être les convictions particulières des individus ou des partis, l’opinion publique reste indécise et anxieuse. Le problème pédagogique ne se pose donc pas pour nous avec