Les gens à la tête desquels il apparaisait étaient les convertis que sa prédication avait faits, et ainsi la rébellion des Taë-Pings avait un caractère à la fois religieux et politique : religieux, la substitution d’une religion nouvelle aux anciennes croyances et particulièrement au bouddhisme ; politique, l’expulsion de la dynastie mandchoue et la substitution à l’empereur à ce moment régnant d’un empereur nouveau, Houng-tse-syuen lui-même.
On ne pense pas que les premiers Taë-Pings, venus du Kouang-Si avec Houng-tse-syuen, aient dépassé dix à quinze mille, et cependant ils marchent tout d’abord de succès en succès. Ils couronnent leurs victoires par la prise de Nankin en 1853. Nankin devient alors leur grand centre d’action ; ils en font leur capitale, et Houng-tse-syuen, qui se fait appeler le Prince Céleste, s’y bâtit un palais. Ce moment marque de près l’apogée de leur puissance. Des éléments nouveaux et dissolvants paraissent alors s’être mêlés aux premiers sectaires fanatiques plus ou moins sincères ; à partir de ce jour, plus les Taë-Pings iront en avant, plus ils prendront le caractère de pillards.
De Nankin, les Taë-Pings se lancent vers le nord