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mêmes sickhs, les derniers conquis dans leur empire. Des régiments de sickhs rapidement formés contribuent à arrêter le premier flot de l’insurrection.

Il faut regarder comme un grand triomphe politique que dans un cas d’extrême péril des ennemis de si fraîche date aient pu être transformés en auxiliaires et en défenseurs. On a cherché à expliquer l’aide que les sickhs ont prêtée aux Anglais par la haine qu’ils portent aux mahométans qui essayaient alors de relever le trône des Mongols à Delhi, par l’appât d’une haute paye et par l’espérance du butin à faire dans la guerre, mais tout cela paraît insuffisant. C’est encore le régime appliqué par les Anglais au Punjab après son annexion qui donne le mieux raison de l’appui efficace qu’ils y rencontrent. On commence à acquérir ce sentiment à Amritsir en entrant dans le temple où les sickhs font une si singulière musique devant leur livre sacré. Dès la cour extérieure nous devons, pour entrer, ôter nos souliers ; l’ordre est là, s’imposant à tous, signé d’Henry Lawrence, à qui, au lendemain de la conquête, les Anglais ont confié le Punjab. On devine à cela seul quels ménagements les vainqueurs ont du avoir pour les vaincus.