De Bandong nous poussons une pointe sur Garout. Garout, comme Tandjour et comme Bandong, est dans une grande plaine entourée de volcans. Le volcan est en effet le personnage principal sur la scène naturelle de Java ; il est sans cesse présent. Il n’y a point de coin du pays d’où l’on ne découvre quelque immense cône dominant tout de sa masse. La plaine est couverte de rizières. Les terres que l’on peut noyer prennent ici le nom de sawas et, sans jamais se lasser, donnent chaque année du riz. La sawa n’est cependant pas limitée aux terrains bas ; elle s’élève sur les coteaux et même dans certains endroits jusque sur le flanc des montagnes. Dans ce cas, le sol, qu’il faut horizontal pour retenir les eaux, doit être artificiellement nivelé et disposé en terrasses ou en escalier. Lorsqu’on voit tous ces petits champs inondés, placés à pic les uns au-dessus des autres, on sent que le travail incessant des générations s’est appliqué là, et l’on comprend qu’à Java, comme ailleurs, il n’y a qu’à marier le paysan à la terre pour en obtenir des prodiges.
Dans la sawa nul arbre ne pousse ; la campagne pourrait donc paraître vide et nue, si les Javanais n’avaient l’habitude de construire leurs maisons de