Et d’abord la première de ces causes. La Chine, nous l’avons vu, est une démocratie gouvernée, administrée, régie à tous les degrés par un corps de fonctionnaires indépendants de la masse populaire et soustraits à son contrôle. Ces fonctionnaires, comment les recrute-t-on ? dans quel milieu sont-ils pris ? On les recrute à l’examen, et ils sont pris parmi les lettrés. Or les lettrés parmi lesquels sont pris les fonctionnaires ne constituent pas une partie flottante de population, mêlée avec elle d’une manière indistincte, une foule faisant partie de la foule. Non, le lettré qui plus tard pourra entrer dans l’administration est lui-même d’abord trié et mis à part. A la suite de trois examens successifs au hien, au fou et à la capitale de la province, on confère un premier grade littéraire, celui de sioutsaï. C’est à ce qui fait le véritable lettré, l’homme sorti de la foule et mis à part. Le sioutsaï se présentera ensuite à un nouvel examen qui se tient tous les trois ans au chef-lieu de la province, pour obtenir s’il se peut un second grade, celui de kioudjin. C’est ce second grade qui qualifie pour devenir fonctionnaire, le gouvernement ne recrutant son personnel administratif que parmi les lettrés qui, gradués deux fois,