Quoique la population de la ville soit encore bien restreinte en comparaison de ce qu’elle était avant le passage des Taë-Pings, et que la misère soit encore grande, le pays d’alentour est si fertile et la situation si favorable qu’il est probable que Ching-Kiang, plus heureux que Nankin, se relèvera entièrement de ses ruines.
A Ching-Kiang nous louons un bateau pour aller à Yang-Chau sur le grand canal au nord du Yang-Tse. Dans cette partie de la Chine il n’y a point d’autres voies de communication que les rivières et les canaux, aussi les bateaux fourmillent-ils. Il y en a de toutes les grandeurs et pour tous les usages, allant à la voile, à la rame, à la godille. Notre bateau a une petite chambre avec une petite table et des bancs. Nous nous trouvons à trois fort à l’étroit dans ce réduit, et lorsqu’il faut nous y étendre pour dormir, nous ne savons ou placer les jambes. Cet espace qui nous paraît si restreint serait cependant suffisant pour loger je ne sais combien de Chinois. Nous rencontrons, depuis que nous sommes sur le Yang-Tse, quantité de bateaux portant des voyageurs pressés les uns contre les autres comme des colis. Souvent ces bateaux sont à l’ancre, attendant le vent