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jours douce, gaie, souriante, n’ayant besoin ni de robes ni de chapeaux, sachant se passer de bijoux ; la vraie femme idéale !

Berthe Morisot. — La peinture de Mme Morisot est bien de la peinture de femme, mais sans la sécheresse et la timidité qu’on reproche généralement aux œuvres des artistes de son sexe. Les couleurs, sur ses toiles, prennent une délicatesse, un velouté, une morbidesse singulière. Le blanc se nuance de reflets qui le conduisent à la nuance rose thé ou au gris cendré, le carmin passe insensiblement au ton pêche, le vert du feuillage prend tous les accents et toutes les pâleurs. L’artiste termine ses toiles en donnant de-ci de-là, par-dessus les fonds, de légers coups de pinceau, c’est comme si elle effeuillait des fleurs.

Pour les « bourgeois », ses tableaux ne sont guère que des esquisses, ils ne sont