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tler font penser à ces morceaux de la musique wagnérienne où le son harmonique, séparé de tout dessin mélodique et de toute cadence accentuée, reste une sorte d’abstraction et ne donne qu’une impression musicale indéfinie.

En 1878, M. Whistler envoya à l’Exposition de la Grosvenor Gallery une série de nocturnes, désignés simplement par leur combinaison chromatique. On peut s’imaginer l’ahurissement du public qui, habitué à chercher dans le catalogue l’explication de scènes à regarder le nez sur le tableau, se trouvait devant des gammes de couleurs, demandant à être vues à distance et ne prétendant donner qu’une impression générale de la transparence et de la poésie de la nuit. Les critiques se déchaînèrent. M. Ruskin tint la tête. Il ne se borna pas à bafouer la peinture, il lança au peintre une