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généralement sans parti pris sur le style des artistes et des écoles. Ils sont fort éclectiques. Tout ce qu’ils demandent à un tableau, c’est d’être peint, en prenant le mot dans toute son acception. Mais sur ce point ils sont sans pitié. A tout l’Olympe, à tous les héros d’Homère et de Virgile, traités de la façon dont procède la moyenne des élèves de l’école de Rome, ils préféreront, sans hésiter, n’importe quel chaudron dû au pinceau d’un Chardin.

Les connaisseurs, les hommes que leur goût, leurs fonctions ou leur état conduisent à s’occuper spécialement de tableaux, ne jugeront un peintre qu’à la suite d’un commerce prolongé avec ses œuvres. Pour qu’un artiste soit définitivement accepté comme peintre parmi les connaisseurs, il faut que ses toiles, placées à côté de celles des grands, parmi ses devanciers, aient pu