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dénigrement ayant porté à faux auraient pu rendre les critiques plus circonspects et épargner aux artistes tard venus le triste sort de leurs devanciers. Il n’en a rien été. Manet, venu après les autres, a été peut-être encore plus mal accueilli. Ce peintre à la palette si franche et si heureuse de tons, homme du monde délicat et spirituel, a été pendant dix ans traité comme une sorte d’artiste grossier et de badigeonneur. Voilà cependant que les jeunes peintres lui ont fait obtenir les récompenses officielles, la critique désarme à son égard, tout le monde lui reconnaît du talent. Mais si on le lâche ainsi, c’est qu’on trouve ailleurs à qui s’attaquer. Par derrière lui, ce sont maintenant ceux qu’on appelle les Impressionnistes, qui ont à supporter les mépris de l’éternelle routine et de l’éternelle banalité.