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Claude Monet, parmi nos paysagistes, a eu le premier la hardiesse d’aller aussi loin qu’eux dans ses colorations. Et c’est par là qu’il a le plus excité les railleries, car l’œil paresseux de l’Européen en est encore à prendre pour du bariolage la gamme de tons, pourtant si vraie et si délicate, des artistes du Japon.

Observons maintenant Claude Monet le pinceau à la main. Pour cela il faut courir avec lui les champs, braver le hâle, le plein soleil, ou rester les pieds dans la neige, puisque, sorti du logis, il travaille en toute saison directement sous la voûte du ciel, Sur son chevalet il pose une toile blanche, et il commence brusquement à la couvrir de plaques de couleur, qui correspondent aux taches colorées que lui donne la scène naturelle entrevue. Souvent, pendant la première séance, il n’a pu obtenir qu’une