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maient à peindre de prime saut, face avec la nature, une autre révolution s’accomplissait : la peinture, de noire, devenait claire. On serait surpris, si l’on pouvait revoir un Salon d’il y a trente ans, du changement qui s’est opéré dans le ton général de la coloration. À cette époque, les peintres étendaient le plus souvent sur la toile une véritable sauce, ils préparaient leurs fonds au bitume, à la litharge, au chocolat, et par-dessus c’est à peine s’ils mettaient un frottis de couleur, bientôt atténué ou dévoré par la noirceur générale du dessous. Il semblait qu’ils vécussent dans des caves, aveuglés par la pleine lumière et les colorations ardentes. C’est à quelques hommes bien doués, surtout à Delacroix, qu’on doit le premier retour à cette peinture claire et colorée, qui est la véritable volupté des yeux. On peut voir, par les peintures mu-