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ÉDOUARD.

M. G., que je crains peu ces occasions-là ; mais malheureusement, dans ce cas-ci, c’est impossible. — Impossible ! m’écriai-je, c’est ce qu’il faudra voir. Ne croyez pas que je vous laisse impunément calomnier la vertu, et noircir la réputation d’un ange d’innocence et de pureté ! — Quant à calomnier, dit en riant le duc de L., vous me permettrez de ne pas le prendre si haut. J’ai cru que vous étiez l’amant de madame de Nevers ; je le crois encore, je l’ai dit ; je ne vois pas en vérité ce qu’il y a là d’offensant pour vous ; on vous donne la plus charmante femme de Paris, et vous vous fâchez ? Bien d’autres voudraient être à votre place, et moi tout le premier. — Moi, monsieur, je rougirais d’être à la vôtre. Madame de Nevers est pure, elle est vertueuse, elle est irréprochable. La conduite que vous m’avez prêtée serait celle d’un lâche, et vous devez me rendre raison de vos indignes propos. — Mes propos sont ce qu’il me plaît, dit le duc de L. ; je penserai de vous, et même de madame de Nevers, ce que je voudrai. Vous pouvez nier votre bonne fortune, c’est fort bien fait à vous, quoique ce soit peu l’usage aujourd’hui. Quant à me battre avec vous, je vous donne ma parole d’honneur qu’à présent j’en ai autant d’envie que vous ; mais, vous le savez, cela ne se peut pas. Vous n’êtes point gentilhomme, vous n’avez aucun état dans le monde, et je me couvrirais de