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ÉDOUARD.

vices que je pouvais rendre. Je logeais toujours à l’hôtel d’Olonne ; j’y passais toutes mes journées et ce nouvel arrangement n’avait rien changé à ma vie que de créer quelques rapports de plus ; les étrangers qui venaient chez M. le maréchal d’Olonne, me connaissant davantage, me montraient en général plus d’obligeance et de bonté. J’avais bien prévu qu’à Paris je verrais moins madame de Nevers ; mais je me désespérais des difficultés que je rencontrais à la voir seule. Je n’osais aller que rarement dans son appartement de peur de donner des soupçons à M. le maréchal d’Olonne, et dans le salon, il y avait toujours du monde. Elle était obligée d’aller assez souvent à Versailles, et quelquefois d’y passer la journée. Il me semblait que je n’arriverais jamais à la fin de ces jours où je ne devais pas la voir ; chaque minute tombait comme un poids de plomb sur mon cœur. Il s’écoulait un temps énorme avant qu’une autre minute vînt remplacer celle-là. Lorsque je pensais qu’il faudrait supporter ainsi toutes les heures de ce jour éternel, je me sentais saisi par le désespoir, par le besoin de m’agiter du moins, et de me rapprocher d’elle à tout prix. J’allais à Versailles : je n’osais entrer dans la ville de peur d’être reconnu par les gens de M. le maréchal d’Olonne, mais je me faisais descendre dans quelque petite auberge d’un quartier éloigné, et j’allais errer sur les collines qui en-