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ÉDOUARD.

en litige ; mon oncle crut le moment favorable pour le succès, il intrigua, et fit décider l’affaire en sa faveur. Je fus blessé au cœur de ce procédé. Cependant les ballots, les paquets remplirent bientôt les vestibules et les cours de l’hôtel d’Olonne. Quelques chariots partirent en avant avec une partie de la maison, et M. le maréchal d’Olonne et madame de Nevers quittèrent Paris le lendemain, ne voulant être accompagnés que de l’abbé Tercier. Tout Paris était venu dans la soirée à l’hôtel d’Olonne ; mais M. le maréchal d’Olonne n’avait reçu que ses amis. Il dédaignait cette insulte au pouvoir dont les exemples étaient alors si communs. Il trouvait plus de dignité dans un respectueux silence. Je l’imite ; mais je ne doute pas qu’à cette époque vous n’ayez entendu parler de l’exil de M. le maréchal d’Olonne comme d’une grande injustice, et d’un abus de pouvoir, fondé sur la plus étrange erreur.

Les affaires de M. le maréchal d’Olonne me retinrent huit jours à Paris. Je partis enfin pour Faverange, et mon cœur battit de joie en songeant que j’allais me trouver presque seul avec celle que j’adorais. Joie coupable ! indigne personnalité ! J’en ai été cruellement puni, et cependant le souvenir de ces jours orageux que j’ai passés près d’elle sont encore la consolation et le seul soutien de ma vie. J’arrivai à Faverange