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LE MARCHAND DE ZAMORA.

sur la grande place de Madrid à la tête de bataillons nombreux ! Mon ami, ce même livre renferme, comme gage du succès, une maxime excellente ; la voici : Pour réussir, que faut-il ? Audace et volonté. La destinée de mon fils est dans ces deux mots.

« Il me quitta. J’espérais le revoir plus calme le lendemain ; le contraire arriva. L’illusion, dans son esprit, s’était changée en réalité. Décidément il se croyait le père d’un lieutenant-général. Aussi toute sa petite personne montrait un certain aplomb ; il avait déjà mis de côté la modestie ; c’était un à-compte sur les honneurs à venir.

« Le temps approchait où son fils allait quitter la robe d’écolier pour la casaque militaire. Gavino, rencontrant un jour chez moi mon médecin, se mit à parler de son projet. — Je voudrais connaître quelqu’un à Madrid, dit-il, mon fils va s’y rendre ; mais à qui l’adresser ? Je ne sais. — J’ai dans Madrid un ami ; je puis vous donner une lettre pour lui, répondit mon médecin. — C’est sans doute un de vos confrères ? — Oui, mais son sort est plus brillant : il est médecin du roi, décoré de ses ordres, logé au palais ; il a même reçu des lettres de noblesse. — Daignera-t-il accorder sa protection à Pedro ? — Il le doit pour peu qu’il se souvienne que, fils d’un paysan, il n’a pu s’élever sans le secours des autres. —