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ÉDOUARD.

sens que je me trouve mal. » Il s’appuya sur moi et s’évanouit. Les domestiques accoururent ; les uns allèrent avertir M. le maréchal d’Olonne, les autres transportèrent mon père dans une pièce voisine. On le déposa sur un lit de repos, et là tous les secours lui furent donnés. Madame de Nevers les dirigeait avec une présence d’esprit admirable. Bientôt, un chirurgien attaché à la maison de M. le maréchal d’Olonne arriva, et, voyant que la connaissance ne revenait pas à mon père, il proposa de le saigner. Nous attendions Tronchin, que madame de Nevers avait envoyé chercher. Quelle bonté que la sienne ! elle avait l’air d’un ange descendu du ciel, près de ce lit de douleur, elle essayait de ranimer les mains glacées de mon père en les réchauffant dans les siennes. Ah ! comment la vie ne revenait-elle pas à cet appel ? Hélas ! tout était inutile. Tronchin arriva, et ne donna aucune espérance. La saignée ramena un instant la connaissance. Mon père ouvrit les yeux ; il fixa sur moi son regard éteint, et sa physionomie peignit une anxiété douloureuse. M. le maréchal d’Olonne le comprit ; il saisit la main de mon père et la mienne. — Mon ami, dit-il, soyez tranquille, Édouard sera mon fils. — Les yeux de mon père exprimèrent la reconnaissance ; mais cette vie fugitive disparut bientôt ; il poussa un profond gémissement : il n’était plus ! Comment vous peindre l’horreur