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ÉDOUARD.

lui donne en général ; c’est le dernier degré de la conquête que de subir la loi d’un autre peuple ; et les Normands qui, en Angleterre, ont presque conquis la langue, n’ont jamais pu conquérir la loi. Ces matières étaient sérieuses, mais elles ne le paraissaient pas. Ce n’est pas la frivolité qui produit la légèreté de la conversation ; c’est cette justesse qui, comme l’éclair, jette une lumière vive et prompte sur tous les objets. Je sentis, en écoutant mon père, qu’il n’y a rien de si piquant que le bon sens d’un homme d’esprit. Je me suis étendu sur cette première visite pour vous montrer ce qu’était mon père dans la société de M. le maréchal d’Olonne. Ne devais-je pas me plaire dans un lieu où je le voyais respecté, honoré, comme il l’était de moi-même ? Je me rappelais les paroles de ma mère, « sortir de son état ! » Je ne leur trouvais point de sens ; rien ne m’était étranger dans la maison de M. le maréchal d’Olonne ; peut-être même je me trouvais chez lui plus à l’aise que chez M. d’Herbelot. Je ne sais quelle simplicité, quelle facilité dans les habitudes de la vie me rendait la maison de M. le maréchal d’Olonne comme le toit paternel. Hélas ! elle allait bientôt me devenir plus chère encore.

« Natalie est restée à Fontainebleau, dit M. le maréchal d’Olonne à mon père ; je l’attends ce soir. Vous la trouverez un peu grandie, ajouta-t-