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ÉDOUARD.

au bal, me fit voir toutes les curiosités de Paris. Mais c’était M. le maréchal d’Olonne que je désirais voir, et il était à Fontainebleau, d’où il ne devait revenir que dans quinze jours. Ce temps se passa dans des fêtes continuelles. Mon oncle ne me faisait grâce d’aucune façon de s’amuser ; les pique-niques, les parties de toute espèce, les comédies, les concerts, Géliot et Mlle Arnould. J’étais déjà fatigué de Paris, quand mon père reçut un billet de M. le maréchal d’Olonne, qui lui mandait qu’il était arrivé, et qu’il l’invitait à dîner pour ce même jour. Amenez notre Édouard, disait-il. Combien cette expression me toucha !

Je vous raconterai ma première visite à l’hôtel d’Olonne, parce qu’elle me frappa singulièrement. J’étais accoutumé à la magnificence chez mon oncle, M. d’Herbelot ; mais tout le luxe de la maison d’un fermier-général fort riche ne ressemblait en rien à la noble simplicité de la maison de M. le maréchal d’Olonne. Le passé dans cette maison servait d’ornement au présent ; des tableaux de famille, qui portaient des noms historiques et chers à la France, décoraient la plupart des pièces ; de vieux valets de chambre marchaient devant vous pour vous annoncer. Je ne sais quel sentiment de respect vous saisissait en parcourant cette vaste maison où plusieurs générations s’étaient succédé, faisant honneur à la fortune et à la puissance plutôt qu’elles n’en étaient ho-