sédasse. J’ai vu ma mère s’opposer à ces desseins. Ne sortons point de notre état, disait-elle à mon père ; pourquoi mener Édouard dans un monde où il ne doit pas vivre, et qui le dégoûtera peut-être de notre paisible intérieur ? Un avocat, disait mon père, doit avoir étudié tous les rangs ; il faut qu’il se familiarise d’avance avec la politesse des gens de la cour, pour n’en être pas ébloui. Ce n’est que dans le monde qu’il peut acquérir la pureté du langage et la grâce de la plaisanterie. La société seule enseigne les convenances, et toute cette science de goût, qui n’a point de préceptes, et que pourtant on ne vous pardonne pas d’ignorer. — Ce que vous dites est vrai, reprenait ma mère ; mais j’aime mieux, je vous l’avoue, qu’Édouard ignore tout cela et qu’il soit heureux ; on ne l’est qu’en s’associant avec ses égaux :
Can sort.
— La citation est exacte, répondit mon père,
mais le poète ne l’entend que de l’égalité morale,
et, sur ce point, je suis de son avis, j’ai le droit
de l’être. — Oui, sans doute, reprit ma mère ;
mais le maréchal d’Olonne est une exception. Respectons
les convenances sociales ; admirons même
la hiérarchie des rangs, elle est utile, elle est
respectable ; d’ailleurs n’y tenons-nous pas notre
place ? mais gardons-la, cette place ; on se trouve
toujours mal d’en sortir. Ces conversations se