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ÉDOUARD




INTRODUCTION


J’allais rejoindre à Baltimore mon régiment, qui faisait partie des troupes françaises employées dans la guerre d’Amérique ; et, pour éviter les lenteurs d’un convoi, je m’étais embarqué à Lorient sur un bâtiment marchand armé en guerre. Ce bâtiment portait avec moi trois passagers : l’un d’eux m’intéressa dès le premier moment que je l’aperçus ; c’était un grand jeune homme, d’une belle figure, dont les manières étaient simples et la physionomie spirituelle ; sa pâleur, et la tristesse dont toutes ses paroles et toutes ses actions étaient comme empreintes, éveillaient à la fois l’intérêt et la curiosité. Il était loin de les satisfaire ; il était habituellement silencieux, mais sans dédain.

On aurait dit, au contraire, qu’en lui la bien-