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ÉDOUARD.

et Luceval et Bertheney précipitaient mon oncle dans toutes les folies et les ridicules d’un luxe ruineux, et d’une vie pleine de désordres et d’erreurs. Dans cette maison toutes les frivolités étaient traitées sérieusement, et toutes les choses sérieuses l’étaient avec légèreté. Il semblait qu’on voulût jouir à tout moment de cette fortune récente, et de tous les plaisirs qu’elle peut donner, comme un avare touche son trésor pour s’assurer qu’il est là. Chez M. le maréchal d’Olonne, au contraire, cette possession des honneurs de la fortune était si ancienne qu’il n’y pensait plus. Il n’était jamais occupé d’en jouir ; mais il l’était souvent de remplir les obligations qu’elle impose. Des assidus, des commensaux, remplissaient aussi très-souvent le salon de hôtel d’Olonne ; mais c’étaient des parents pauvres, un neveu officier de marine, venant à Paris demander le prix de ses services ; c’était un vieux militaire couvert de blessures, et réclamant la croix de Saint-Louis ; c’étaient d’anciens aides-de-camp du maréchal ; c’était un voisin de ses terres ; c’était, hélas ! le fils d’un ancien ami. Il y avait une bonne raison à donner pour la présence de chacun d’eux. On pouvait dire pourquoi ils étaient là, et il y avait une sorte de paternité dans cette protection bienveillante autour de laquelle ils venaient tous se ranger. Les hommes distingués par l’esprit et le talent étaient tous accueillis