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ÉDOUARD.

parence, je ne faisais rien ; mais, en réalité, j’étais occupé de la seule chose qui m’intéressât dans la vie. Deux mois se passèrent ainsi. Enfin les affaires dont mon père m’avait chargé finirent, et je fus libre de quitter Lyon. C’est avec ravissement que je me retrouvai à l’hôtel d’Olonne, mais cette joie ne fut pas de longue durée. J’appris que madame de Nevers partait dans deux jours pour aller voir, à la Haye, son amie madame de C. Je ne pus dissimuler ma tristesse, et quelquefois, je crus remarquer que madame de Nevers était triste ; mais elle ne me parlait presque pas, ses manières étaient sérieuses, je la trouvais froide, je ne la reconnaissais plus, et ne pouvant deviner la cause de ce changement, j’en étais au désespoir.

Après son départ, je restai livré à une profonde tristesse. Mes rêveries n’étaient plus, comme à Lyon, mon occupation chérie ; je sortais, je cherchais le monde pour y échapper. L’idée que j’avais déplu à madame de Nevers, et l’impossibilité de deviner comment j’étais coupable, faisaient de mes pensées un tourment continuel. M. le maréchal d’Olonne attribuait à la mort de mon père l’abattement où il me voyait plongé. « Notre malheur a fait une cruelle impression sur Natalie, me dit un jour M. le maréchal d’Olonne ; elle ne s’en est point remise ; elle n’a pas cessé d’être triste et souffrante depuis ce temps-