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dit-il. Et il salua profondément Mme du Quesnoy. Il tenait le bras de sa sœur étroitement serré sous le sien et la força à reculer. Elle crut qu’on la jetait en effet dehors, de force. Elle ne sut pas bien ce qu’elle sentit. Elle eut peur.

La tête lui tournait. Elle ne savait plus où elle était. L’intervention de son frère avait eu l’effet d’un coup de massue.

Joachim avait tout remarqué ou tout deviné. Il lui fallut un effort surhumain pour ne pas s’élancer à travers le salon et courir à Rose, mais au contraire pour s’avancer lentement le sourire aux lèvres, et l’atteindre au moment où elle franchissait la porte.

À sa vue Rose se ranima un peu.

— On me chasse, dit-elle avec une voix indescriptible.

— Taisez-vous, interrompit Charles dont l’autorité inattendue la domptait de nouveau.

M. du Quesnoy n’osa point parler. Déjà, quoique ces scènes se fussent passées bas, presque sans gestes, il était à craindre que cent yeux ne les eussent dévorées, analysées.

Charles et sa sœur partirent.

Malgré son aisance, Joachim ne savait comment traverser son salon en conservant une figure aimable et tranquille.

Il alla reprendre sa place près de M. Niflart.

— Votre femme continue à vous tracasser, dit l’homme d’affaires d’un air compatissant et doucereux.

— Mais non, répliqua Joachim.