— Eh bien ! que fait cela ? Je la prends pour moi. Mon ami en trouvera une autre.
— Et vous êtes ravi de manquer à votre promesse et de sacrifier votre ami ?
— Auriez-vous l’intention de consoler M. de Daignes ?…
— Toute dignité vous manque, dit Françoise avec dégoût.
— Et vous toute intelligence ! Laissez-moi donc tranquille, à la fin, s’écria grossièrement Joachim.
— Ah ! dit Françoise, vous vous débattez vainement. Il est donc bien difficile d’avoir quelques scrupules ? Prenez garde !
Cette fois Joachim fut réellement étonné, car Françoise avait parlé d’une voix plus douce et avec une certaine tristesse. Il réfléchit un instant, et se rapprochant d’elle :
— Vous vous battez contre les fantômes d’un esprit aveuglé. Moi ! je ne suis pas un honnête homme, un homme de cœur ? Mais le jour où vous prendrez la peine d’ouvrir les yeux, vous comprendrez la bonté et la patience qu’il m’a fallu pour supporter votre état de maniaque.
Joachim se mit à énumérer alors avec vivacité toutes les belles actions qu’il pensait avoir faites dans sa vie.
Françoise le laissait dire, froide, silencieuse.
— Ma bourse, mon bras, mon crédit ont toujours été au service de mes amis. La loyauté est ici chez elle ! s’écria-t-il en achevant.