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vous avez agi pour son bien. Je m’en charge, dit la vicomtesse. Où allez-vous, aujourd’hui ?

— Chez la baronne.

— Eh bien, commencez sur-le-champ. J’ai ma voiture, je vous y conduirai.

— Vous me le prenez ? s’écria Rose.

— Il le faut bien.

La baronne Guyons avait cinquante-cinq ans. C’était une femme grasse, au teint d’ivoire jaune, sans aucune ride, avec de fort beaux cheveux noirs, de très petits yeux, un épais menton et un gros front bombé. Elle était très vive, aimait passionnément la conversation sur les grands sujets. Elle possédait une aptitude d’orateur assez prononcée pour avoir travaillé jadis à des discours de son mari, et une disposition si sérieuse qu’elle lui avait plus d’une fois préparé des rapports sur des points d’administration spéciaux.

Assise devant un grand bureau semblable à celui d’un chef de division, quand Joachim entra dans son cabinet de travail, bureau couvert de papiers et surtout de lettres, elle était en lutte avec une interminable correspondance qui lui prenait tous les matins quatre heures. Elle se levait à six heures. Elle avait une telle passion pour l’activité intellectuelle et affairesque, qu’elle ne voulait même point de secrétaire, et parlait toujours de la nécessité pour un grand esprit d’embrasser tous les détails.

Joachim adorait sa belle-mère, qui n’avait pour lui que des compliments.

Elle le gronda, un peu seulement, de ses folies au