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Joachim pour le contraindre à reculer. Il ne détachait pas ses yeux de ceux de sa femme. Elle avait cet insolent, cet intolérable regard plein d’arrogance et de défi qui l’avait exaspéré le soir où il l’avait renversée à ses pieds. Il s’avança, poussant et traînant Mlle Guay, qui vainement résistait, et il tendit ses mains vers Françoise à lui toucher presque le visage.

— Je la ferai reprendre par les gendarmes.

Il ajouta une insulte.

— Françoise, je t’en supplie, retire-toi, il est fou ! criait Charlotte.

Déjà, à l’intérieur, sur le palier, par la porte ouverte, on voyait des gens se pencher curieusement.

— Non ! dit Françoise avec un grand mouvement de colère. Elle prit Joachim par le bras. Venez donc !

Elle l’entraîna dans une autre pièce. Charlotte s’y précipita après eux.

— Vous spéculez toujours sur le bruit honteux, dit Françoise à Joachim d’un ton haché par des secousses d’indignation exaltée. Vous avez quelque nouvelle bassesse ou méchanceté en tête. Eh bien, annoncez-nous-la.

Vous voulez me faire ramener chez vous par les gendarmes, n’est-ce pas ? Est-ce tout ce que vous voulez ? Envoyez vos gendarmes. Je veux traverser Paris au milieu d’eux. Au moins ce sont d’honnêtes gens. Sont-ils là, derrière vous ? Vous voulez que je revienne chez vous ? Et moi aussi je le veux. Je suis prête. Allons, je pars.

— Françoise ! implora Charlotte épouvantée.