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qui n’eût jamais su rien résoudre pour son propre compte, elle s’élança pleine de feu dans les rues, étonnée de sa décision et sentant qu’elle réussirait.

— Oh ! madame la baronne, madame la baronne, implora-t-elle en entrant dans le salon de celle-ci, venez à notre aide.

Elle ne s’était pas fait annoncer. A la vue de cette personne ravissante, mignonne, tout émue, la baronne, sans savoir encore de quoi il s’agissait, eut un bon regard à travers son étonnement.

— Je suis l’amie intime de Mme du Quesnoy. Son mari la fait arrêter. Je vous jure qu’elle est innocente. Madame, sauvez-la, empêchez-le de la martyriser !

— Ah ! mon Dieu, ce Joachim ! interrompit Mme Guyons avec douleur.

— C’est un monstre ! s’écria naïvement Charlotte. Et elle ajouta : Je sais que vous êtes bien prévenue contre Françoise, mais elle n’est pas coupable ! Peut-on punir une amitié pure, madame la baronne ? Je puis vous affirmer qu’elle n’a pas démérité. Je le sais, moi qui ai été la confidente de cette affection. L’honneur de son mari n’a pas été atteint, et plût à Dieu qu’il eût su le conserver aussi intact pour ce qui le concerne personnellement. J’ai été comme vous au commencement ; je l’ai cru un homme parfait. Ah ! comme nous avons été trompées. Vous ignorez ce qu’elle a souffert depuis son mariage, en voulant le retenir dans ses écarts. Aussi il l’a toujours haïe ! N’a-t-elle pas été obligée de chasser de chez elle une maîtresse qu’il osait y amener ! Il n’a que de mauvais