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traditionnel, légalement imposé, de laisser sa fortune à ses enfants, et l’injustice qu’il y aurait à tenir la balance égale entre une fille vertueuse et une fille coupable ! Et la pensée que le fils de son choix méritait bien plus que l’enfant de son sang, la surprit tout à coup, comme l’avait désiré Joachim.

Mais, comme elle n’était point une méchante femme, elle sentit qu’un cas de conscience soudain se posait devant elle. En privant ma fille de mon affection, en la bannissant ma vie durant, ne la punissé-je pas assez ? se dit-elle. Dois-je la poursuivre encore après ma mort ? Et cependant Joachim aurait bien droit à quelque réparation.

M. du Quesnoy lui vit l’air très réfléchi, très sérieux.

— Ah ! dit-il, si j’avais, si je trouvais cent mille francs, j’entrerais de plain-pied dans une nouvelle compagnie financière que j’ai formée. Je réunirais trente mille francs d’appointements comme directeur, vingt mille de dividendes divers, les bénéfices des actions revendues !

Il fit valoir toutes sortes d’avantages résultant de là.

La baronne pensa qu’en effet si elle donnait ces cent mille francs à Joachim, elle accomplissait le devoir de réparation qui la tourmentait, et qu’elle châtiait Françoise, en diminuant d’autant sa part d’héritage.

Elle était entraînée par la présence, par la tristesse, par le malheur de Joachim.

— Eh bien, si je vous trouvais ces cent mille francs ? dit-elle.