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Ces propos s’échangèrent à voix basse, puis les domestiques retournèrent à la cuisine ou à l’office pour continuer leurs commentaires.

En effet, que faisait Françoise ?

Elle s’était à demi relevée, et les épaules appuyées au montant de la cheminée, elle resta là toute la nuit, anéantie, dans un état de prostration, d’engourdissement, de lourde fièvre, le front serré comme par un étau et le cœur oppressé par une angoisse affreuse.

Ce ne fut qu’au jour seulement qu’elle se ranima. Le frais du matin chassa la fièvre.

Le jour vint. Françoise se ranima et se releva. Devant elle gisaient les débris du meuble, un fragment déchiré d’une lettre d’Allart était à terre, elle le prit et le baisa, puis frémit. Tout l’ouragan de la veille sembla passer sur sa tête. Un flot violent de pensées fut soulevé et battit autour d’elle.

Elle prit son châle et son chapeau, emportée par l’anxiété de ce qui pouvait survenir.

Elle voulut sortir et se vit enfermée.

Enfermée ! se dit-elle avec une première impression d’effroi. Ainsi je serais encore à sa merci. Que veut-il ?

— Mais, je veux sortir ! il faut qu’on m’ouvre ! cria-t-elle.

Et elle frissonna en pensant :

— C’est lui peut-être qui va m’ouvrir, avec le sang de mon Philippe sur ses mains ! Où sont-ils tous les deux ?

Elle songea aussi un moment à regarder dans un Code. Mais les livres n’étaient pas là.